dimanche 14 septembre 2014

Les pièges d'un faux-direct à l'antenne de France Bleu Vaucluse

A 07:55, chaque matin de la semaine sur France Bleu Vaucluse, Philippe Garcia pose la question à un maire du département "Comment ça va Monsieur le maire ? " en espérant recueillir à la suite quelques confidences.

Ce lundi 8 septembre, c'était au maire de Puyvert que la question était posée. (Cliquer ici pour réentendre l'émission.)

"... Un maire très en colère" lançait Philippe Garcia en introduction. Tout comme un peu plus tôt, l'animateur du 6-9, cette fois, qui précisait que le maire de cette petite commune était "très en colère contre les services de l'Etat "(sic).

... Mais la radio réserve quelques pièges qui sont venus télescoper l'effet recherché.
Plusieurs auditeurs Puyverdans s'en étant fait l'écho auprès de notre rédaction, il nous a semblé que ce court passage sur les ondes méritait un post, ne serait-ce que pour préciser et rectifier un certain nombre de points. 

Précisions

  • Les risques du différé : quand l'actualité fait des siennes

    Il faut savoir que, même si l'illusion d'un direct est parfaitement donnée à l'antenne par Philippe Garcia, les interviews de ses émissions sont enregistrées.

    Et le déroulement de cette journée du 8 septembre allait précisément réserver une actualité CNAC (Commission Nationale d'Aménagement Commercial) qui allait se révéler particulièrement décalée par rapport aux propos de M. Sébastien VINCENTI le matin-même.

    En effet, quelques heures plus tard - en fin de matinée, très exactement, les pétitionnaires du projet de la zone commerciale de Puyvert autour du Super U actuel faisaient savoir à la CNAC qu'ils retiraient leur dossier pour lequel ils avaient reçu en mai dernier un avis favorable de la CDAC (Commission Départementale d'Aménagement Commercial) mais pour lequel  - suite au recours en CNAC lancé par les services de l’État pour le Préfet et par plusieurs associations et personnes physiques - venait d'être fixée une audience en "Commission nationale" (sic).

    QUAND ? ... juste deux jours plus tard, le 10 septembre à 11:30.
    M.VINCENTI en avait été prévenu dans les tout premiers jours de septembre puisque lui-même était convoqué à cette audience de la CNAC.

    Mais voilà, il y a 151 maires dans le Vaucluse et un maire ne choisit pas forcément le jour où passera à l'antenne l'enregistrement au cours duquel il a répondu au matinal "Comment ça va Monsieur le Maire ?" de Philippe Garcia.

    Et c'est ainsi que l'on peut se retrouver piégé :
  • à afficher sur les ondes une volonté sans faille ("on ira jusqu'au bout, ... on attend maintenant la commission nationale" (sic) ) ... le jour-même où, auprès de cette commission précisément, subitement et sans donner la moindre raison, on recule ;
  •  et à  exprimer un espoir "d'aller beaucoup mieux" (sic) une fois que le projet sera passé en "commission nationale"...  alors que les pétitionnaires, eux-mêmes, renoncent à l'examen de leur dossier en CNAC et à la décision favorable qu'ils en attendent...  juste quelques heures plus tard.

    Un vrai casse-pipe radiophonique que cette diffusion en différé - ce jour-là - sur France Bleu Vaucluse !
    Heureusement M.VINCENTI a été interrompu par Philippe Garcia avec un encourageant "Bonne journée Monsieur le Maire !"
  • Une colère en deux minutes et pas plus
    L'autre écueil que n'a pas su éviter M.VINCENTI c'est que deux petites minutes, c'est vraiment pas beaucoup pour exprimer les raisons d'une colère que n'auront probablement pas compris les auditeurs, d'autant que l'élocution reste ici toujours aussi approximative et que le sujet du SCOT aurait certainement mérité plus de temps.
    Nous-mêmes prendrons le temps de le faire sur la page réservée au SCOT sur notre site.

Correctifs

  • A propos du découpage territorial du Vaucluse

    Le "canton de Cadenet et Puyvert" (sic) n'a jamais existé autrement que dans la mention fantaisiste et éphémère qu'en fait M.VINCENTI lors de cette interview sur France Bleu Vaucluse.
    S'agissait-il lundi matin d'une erreur volontaire pour redonner plus d'importance stratégique qu'il n'en a au projet d'agrandissement de Super U sur Puyvert ?
    ... Ou d'un lapsus révélateur de la mémoire que le maire de Puyvert garde de ses deux échecs aux cantonales de mars 2004 et mars 2011, quand le canton de Cadenet existait ?

    Quoi qu'il en soit, depuis le nouveau découpage territorial qui est intervenu en février 2014 (voir le décret du 25 février 2014 paru au JO le 28) pour le département de Vaucluse, la question du "canton de Cadenet et de Puyvert" ne se pose plus puisque - depuis 7 mois déjà - Puyvert (tout comme Cadenet d'ailleurs) font partie désormais du canton de Cheval-Blanc qui va de Lagnes à Cucuron.

    Voir l'article 9 du décret cité :
    Le canton n° 8 (Cheval-Blanc) comprend les communes suivantes : Cabrières-d'Avignon, Cadenet, Cheval-Blanc, Cucuron, Lagnes, Lauris, Lourmarin, Maubec, Mérindol, Puget, Puyvert, Robion, Taillades, Vaugines.
    Le bureau centralisateur de ce canton est le bureau centralisateur de la commune de Cheval-Blanc.
  • A propos de l'argument des commerces de village existant depuis 23 ans
    Le maire de Puyvert tente de rassurer l'auditeur en rappelant que depuis 23 ans, des petites supérettes existent dans les villages du Sud Luberon.

    Cela est vrai MAIS :
    • cela ne dit pas toute la difficulté qu'elles rencontrent à survivre à la concurrence du Super U actuel de Puyvert depuis qu'il existe ... et qu'elles subiraient encore plus avec sa nouvelle version ;
    • cela ne dit rien des autres commerces des villages qui seront de plein fouet concurrencés par  les boutiques nouvelles qui s'installeraient sur la zone commerciale envisagée.
  • A propos du recours du Préfet auprès du Conseil d’État
    Plusieurs recours contentieux courent à l'encontre de la commune de Puyvert et il est difficile pour un auditeur non-informé de comprendre le contexte particulier - beaucoup plus limité qu'il n'est apparu à l'antenne dans les mots même de M.VINCENTI - dans lequel la commune a gagné contre le Préfet.

    Aussi, quand M.VINCENTI affirme "On a même gagné contre le Préfet au Conseil d’État puisqu'il nous a amenés jusqu'au Conseil d’État "(sic), il laisse entendre que l'affaire a été jugée au plus haut niveau de la juridiction, ce qui est loin d'être le cas.

    PUYVERT INFO a d'ailleurs eu l'occasion de faire, par deux fois, une mise au point très claire à ce sujet, compte tenu des mêmes interprétations abusives qui pouvaient découler de la façon dont M.VINCENTI communiquait sur ce recours au Conseil d’État :