Aux yeux de beaucoup, le projet de zone commerciale de Puyvert reste disproportionné, injustifié, déplacé et déraisonnable ... là où il est envisagé (sur 4,2 ha de terres agricoles et à 2,5 km de tout village) ... et, surtout, dans la conjoncture actuelle (crise économique, baisse du pouvoir d'achat, guerre des prix entre marques de la grande distribution, précarité des emplois, désertification commerciale des cœurs de ville et de village).
Les décisions de justice rejetant ce projet et admettant les recours de ses opposants - que ce soit de la
CNAC le 06 juin 2013 ou du
Conseil d’État le 24 novembre 2014 - n'ont pas ramené à la raison les porteurs du projet qui, dès le 2 décembre 2014, n'hésitaient pas à représenter
leur dossier devant la CDAC (Commission Départementale d'Aménagement Commercial) où, contre toute attente, ils obtenaient un avis ... favorable !
Nos élus locaux (commune, communauté de communes) ne manquent pas une occasion de soutenir ce projet - coûte que coûte - et même le SCoT Sud Luberon (Schéma de Cohérence Territoriale) de nouveau en élaboration, suite à son annulation en octobre dernier, persiste à vouloir inscrire ce projet ... comme stratégique ... et à cet endroit.
Pourquoi un tel acharnement de la part de nos élus ? ... Comment l'expliquer (faute de le comprendre) ?
La réponse est certainement dans l'analyse que nous livre cet article récent de Franck GINTRAND,
Directeur général de Global Conseil (Portrait disponible ici), et qu'ont relayé des journaux très sérieux comme Le Monde mais également le web (lire en particulier ici).
Quand la bulle de l'immobilier commercial va éclater
Nous avons retenu ici la version publiée dans la section Économie du Monde ce 18 février sous le titre : « Attention à la prolifération des zones commerciales ».
(image:
la-zone-commerciale-de-plan-de-campagne)
Extrait :
Les
créations de surfaces commerciales ont chuté de 20 % en 2014,
a annoncé, en début d’année, la fédération professionnelle du
secteur, Procos. Une chute cependant très relative, puisque
5,1 millions de mètres carrés ont quand même été autorisés.
Et 6 autres millions de mètres carrés ont déjà été prévus.
Des
chiffres qui donnent le tournis, surtout lorsqu’on les rapporte à
la baisse du taux de fréquentation des centres commerciaux. Si les
constructions se poursuivent à ce rythme, « le
parc de surfaces commerciales devrait présenter un surplus de 30 à
40 millions de mètres carrés » d’ici
à 2020, toujours selon Procos.
La lecture de cet article sera pour les opposants au projet de zone commerciale à Puyvert un moment de totale gourmandise - tant il est délicieux de lire sous la plume d'experts et de consultants des éléments d'analyse pointés depuis longtemps, ici, dans les différents recours engagés !
Elle devrait permettre surtout d'éclairer les esprits de ceux qui, à Puyvert et ailleurs, boivent comme du petit lait la présentation que les porteurs de projet, le maire et ses alliés leur font de ce projet ... projet soigneusement appelé "agrandissement", "mise aux normes" ou "embellissement" du Super U actuel, là où il est question de tout autre chose (cf. le dernier dossier présenté en CDAC ce 2 décembre 2014) ... et sans logique territoriale avérée.
Comment ne pas jubiler à voir aussi bien démonté un système dont Franck GINTRAND nous permet de comprendre le fonctionnement, en lien direct avec la mauvaise santé financière des communes ... la course en avant des promoteurs engagés dans une spirale infernale pour gonfler leurs bilans ... la logique économique de propriétaires et gestionnaires de petits supermarchés, plus intéressés à changer de métier en devenant bailleurs commerciaux via une zone commerciale qu'à augmenter leur surface de vente.
Quand la bulle spéculative à laquelle chacun aura, à sa mesure, contribué se sera éclatée, les associations de défense locales et les opposants locaux au maire actuel seront peut-être - et enfin ! - moins montrés du doigt et un peu plus considérés.
... Il sera malheureusement certainement trop tard pour corriger les dégâts causés par cette course dans le mur.