En prolongement de la mise au point que nous avons tenu à faire dans notre précédent article, nous vous avons promis une jolie réflexion.
La voici sous forme d'un extrait tiré d'une interview donnée au journal "L'économiste maghrebin" en 2007 par Guillaume Weill Raynal, auteur du livre "Les désinformateurs", paru la même année aux Ed. Colin.
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"La désinformation n’est qu’une exploitation, théorisée et mise en
pratique sous forme systématisée, des ressources éternelles de la
mauvaise foi humaine d’un côté, de la crédulité de l’autre.
Voilà
pourquoi il s’agit d’un phénomène difficile à cerner.
Il recèle une part
de spontanéité (l’envie qu’ont les gens d’être trompés, de croire à des
clichés), et une part de manipulation qui consiste précisément, pour un
petit nombre de personnes, à exploiter cette envie.
C’est ce mélange
qui rend l’analyse et la critique de la désinformation si difficiles.
Il
n’y a pas de «cabinet noir» avec des gens qui appuient sur un bouton,
et hop, l’opinion est manipulée ! C’est beaucoup plus subtil. Mais il y a
effectivement de véritables campagnes de manipulation, pensées,
construites et mises en œuvre, où chaque instrument, comme dans un
orchestre, joue sa partition.
Si vous me permettez cette métaphore, la
flûte et le triangle peuvent y avoir autant d’utilité que la grosse
caisse ou les cymbales.
Volkoff, le disait déjà il y a vingt ans : la
désinformation n’est rien d’autre, en définitive, que l’application à la
communication politique des techniques du marketing et de la publicité.
Pour faire court : le principe est
toujours le même. Détourner l’attention, par le biais de l’émotion, des
vrais enjeux au profit d’enjeux totalement artificiels. "
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