dimanche 17 janvier 2016

Non, vous ne trouverez pas tout au Super U de Puyvert... même agrandi !

"La diversification de l'offre", un alibi bien rôdé par les mégalo de la grande distribution 

Hier soir et aujourd'hui repassaient sur LCP (La Chaîne Parlementaire) le documentaire "Les centres commerciaux : la grande illusion" déjà diffusé en mai/juin 2015 sur France 5 (voir notre médiathèque).

 Le maillage systématique que veut opérer la grande distribution française - et qui vaut à notre pays le triste privilège d'être le pays d'Europe où il y a le plus grand nombre de grandes surfaces - y est à nouveau expliqué, en même temps que sont montrées les limites et les conséquences de cette stratégie.

La bonne vieille grosse ficelle, bien connue, qui consiste pour les aménageurs et autres bétonneurs commerciaux à mettre en avant une soi-disant nécessaire "diversification de l'offre" au bénéfice du consommateur cache bien mal les deux réalités suivantes :
  1. Sous cet alibi grossier, c'est uniquement une lutte concurrentielle que se livrent entre elles les enseignes et cette course effrénée à l'échalote pour une occupation optimale du terrain relève d'une seule logique purement économique de la part de ceux qui s'y prêtent (enseignes, aménageurs et commercialisateurs) ...  et non de "l'intérêt général" comme on s'essaie à vouloir nous en convaincre ; ce constat vaut à tous les échelons et, toutes proportions gardées, cette motivation de conserver l'avantage sur ses concurrents vaut pour le porteur du projet d'extension du Super U à Puyvert.

    Même si le projet a été revu à la baisse, le but est bien ici de transformer un supermarché qui n'aurait jamais du pouvoir s'installer en pleine campagne en un hypermarché.

    Une fois devenu hypermarché, il sera difficile de faire sortir cet hypermarché de cette dynamique de maillage si bien intégrée à la logique de développement de la grande distribution française.

    Le propriétaire du Super U - qui est également propriétaire, entre autres, de l'Hyper U de Pertuis - va d'ailleurs plus loin désormais en renforçant sa présence vis à vis de ses concurrents, et d'une façon plus discrète pour les consommateurs, en devenant "bailleur commercial" dans la zone sud de Pertuis où il réalise actuellement une zone qui devrait héberger bientôt plusieurs commerces qui ne seront pas à son enseigne U mais qui lui rapporteront certainement bien plus par leurs loyers. Il serait question, entre autres, d'une boulangerie à l'enseigne "Marie Balchère" et d'un lieu de vente de fruits et légumes à l'enseigne "Provenc' Halles" - tous deux faisant partie du même groupe Blachère - et d'une station essence.

    Là-encore, qu'on nous démontre qu'il s'agit de "diversifier" l'offre commerciale ... la zone Sud de Pertuis ne compte plus ses boulangeries ni ses lieux de ventes de fruits et légumes !

  2. Le chantage à l'emploi que la grande distribution exerce auprès des élus locaux est très pernicieux. Il fascine les élus qui manquent d'idées en matière de redynamisation de leur commune ou qui ne croient plus qu'en un développement économique communal basé sur la consommation de leurs administrés.

    Mais ce que montre encore et encore, et très bien, ce documentaire comme beaucoup d'autres actuellement c'est que la diversification de l'offre a pour limites :
    •  le flux (autrement dit, la fréquentation des consommateurs) et les chiffres sont largement en-dessous des espérances ;
    • ... et la capacité des consommateurs à consommer
D'ailleurs, si la diversification de l'offre avait vraiment pour objectif - et pour effet - de nous faire majoritairement consommer sur place, bien malins seraient ceux qui pourraient nous garantir de trouver TOUT ce que nous n'aurions plus besoin d'aller trouver AILLEURS.  ... Y compris le travail en suffisance pour tous sur place, ce que ne saura jamais offrir sur Puyvert l'hypermarché en projet ! ... Nous continuerons donc à prendre notre voiture pour aller travailler et trouver les loisirs et les services qui ne sont pas à notre disposition ici. Et nous continuerons à trouver judicieux de faire nos courses sur la route ou près de notre destination !


Et une fois qu'on aura voulu faire la ville à la campagne, on ne pourra plus recréer la campagne et on aura même pas forcément réussi à garantir que la ville faite ici à la campagne n'ait pas, du fait de ce fichu maillage, une autre zone plus tentante, juste à côté ... ce qui rend encore plus illusoire la résistance du maire du Nord de la France qui tente de résister au projet de Noyelles-Godault.


Ce maire du Nord de la France qui, pour résister au fléau des extensions pharaoniques annoncées près de sa commune, en arrive même à reprendre à son compte la diversification de l'offre, nous ramène, de façon pathétique, à la vidéo extraite de Groland le 21 novembre 2015 que nous avons mise en page d'accueil de ce blog.

Car le virage du troisième millénaire vu par Groland - avec ces trois maires qui rivalisent de projets fous en pleine campagne, c'est beaucoup plus drôle que la résistance illusoire de ce maire face au Noyelles-Godault de 2017. 

http://www.canalplus.fr/c-humour/pid1787-c-groland.html?vid=1332825

Le virus de "la diversification de l'offre" a contaminé les élus ... même à Puyvert !

La logique du pot de carottes manquantCliquer sur l'image pour écouter !
C'est en pleine réunion publique, le 11 décembre à la Salle Mistral de Puyvert, que le virus s'est manifesté sous les termes "d'extension de l'offre commerciale"(sic). Il s'est attaqué à un pauvre pot de carottes lors de l'intervention pour le moins maladroite et improbable de la première adjointe de Puyvert.

Jugeant opportun d'intervenir dans le débat pour apporter son soutien inconditionnel au Super U, elle a développé cet argument pour nous convaincre qu'il suffirait qu'il manque un pot de carottes à Super U pour qu'on soit obligé de faire l'intégralité (sic) de nos courses ailleurs. 

Les gens qui ne rient jamais ne sont pas des gens sérieux disait Alphonse Allais alors terminons cet article en riant des conséquences que semble avoir déjà eu sur certains consommateurs locaux cette logique du "tout ou rien" qui n'a justement rien de logique à nos yeux.


Comme ce client qui s'est mis à renverser soudain son panier aux 3/4 plein au beau milieu de l'allée des produits en frigo au Carrefour de Pertuis et que nous avons clairement entendu bougonner en partant : " Y a pas de béchamel toute prête au rayon produits frais ! Il  me reste plus qu'à aller refaire toutes mes courses au Lidl ... Pourvu que je sois rentré chez moi à La Tour d'Aigues dans une demi-heure".